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vendredi 24 mars 2017

Sweet Suicide : La naissance d'une planche.

Voila, j'ai terminé le dernier chapitre de Sweet Suicide, j'arrive au bout d'un des plus gros projets que j'ai jamais fait... et c'est une sacré fierté ! 

Du coup, j'ai décidé de fêter ça avec vous en vous faisant découvrir les coulisses, étape par étape. Cet article va donc vous montrer comme je réalise une planche de Sweet Suicide.

Sur chaque chapitre, je travaille en série : d'abord le scénario, puis le story board, les crayonnés, l'encrage, la finalisation des planches sur ordinateur, et enfin la mise en page pour l'impression. Pour des raisons évidente, je vais juste me concentrer sur une planche précise. Et pour ne pas trop spoiler, je vais prendre la page 1 de mon dernier chapitre. Voila. Vous savez tout !

Sweet Suicide, les archives - fanzine -

1 - Le scénario


C'est le moment ou je passe d'une vague idée dans la tête à une première version du récit. C'est un document texte ou j'écris le déroulé, chapitre par chapitre. J'y note les idées au fur et à mesure qu'elles viennent, soit avec une rapide description de la scène, soit avec des dialogues quand j'ai déjà une vision précise. Cette étape me permet de caler les événements les uns par rapport aux autres. Par exemple, en détaillant le déroulement, j'ai décalé un événement un chapitre plus tard pour pouvoir mieux l'amener. Ce sont des notes personnelles, que j'écris sans aucun effort formel et que je modifie au fur et à mesure que je détaille l'histoire.

Une fois le contenu de mon chapitre fixé, je fais une liste des scènes que je dois raconter et y associe une estimation du nombre de pages correspondantes (sur mes 6 premiers chapitres, j'avais pour objectif de me fixer à 42 pages, les deux derniers sont un peu plus longs parce que sinon ça ne rentrait paaaaas.) ça me permet de savoir quel volume je peux donner à la scène, certaines débordent un peu, d'autres sont plus courtes, et en général, ça s'équilibre sans trop me poser problème

2 - Le découpage


C'est ma bête noire, le story board. C'est l'étape ou je passe du texte à l'image. ma liste à ma droite, mon scénario en face, j'attrape une feuille de brouillon et je dessine au format timbre-poste un croquis de la page à venir. C'est là que je vois le nombre de cases et leur agencement dans la page, les cadrages, les dialogues, etc... Beaucoup de choses à penser, donc ! Je remanie souvent le texte par rapport à la version scénario pour avoir quelque chose de plus concis. L'écriture de roman et le texte de BD ne fonctionnent pas du tout pareil et passer de l'un à l'autre implique d'avoir un langage plus oral, des tournures de phrases plus efficaces et, de manière générale, moins de texte.

croquis et story board - Sweet Suicide - étape par étape BD

C'est donc à cette étape que se joue le rythme du récit. Je réfléchis aussi aux émotions que doivent transmettre les personnages, et à l'ambiance des différentes scènes. (jour, nuit, intérieur, extérieur ?) Bref, c'est le moment des grandes décisions. Et de l'angoisse.

3 - Les crayonnés


Le découpage est terminé, ouf ! à ce moment-là, je me dis que le plus dur est passé, même s'il reste en réalité beaucoup de travail : Je reprends mon story board et commence à dessiner mes planches au critérium, au format A4. A cette étape, il m'arrive de faire des modifications par rapport à mon crayonné, changer un cadrage, fusionner deux cases en une, etc... pour simplifier la mise en page. Je peux aussi continuer à dégraisser les dialogues.

crayonné - Sweet Suicide - étape par étape BD


J'y mets souvent des annotations, par exemple des éléments à décaler, comme ici sur la dernière case, ou les flèches m'indiquent que je dois déplacer l'ensemble vers la droite, ce que je ferai à l'encrage.

Le résultat n'est généralement pas très propre, mais dans mon cas ça ne me pose pas problème, puisque j'encre sur une feuille à part. L'important est que mon dessin reste lisible à travers ma feuille de layout, je n'ai donc aucun intérêt à avoir un trait fin.

4 - L'encrage


J'ai terminé mes crayonné, je peux donc passer à l'encrage. Pour cela, je travaille sur une feuille de layout de 45 grammes avec des feutres pigma micron de différentes tailles. La finesse du papier me permet de voir mon crayonné par transparence. 

Pour avoir une idée de la manière dont je travaille, vous pouvez (re)voir la vidéo ci-dessous ou je montre ma manière de faire sur une case du chapitre 7. La qualité technique n'est pas terrible (c'est ma première vidéo, et je l'ai faite dans la panique alors qu'il faisait nuit), mais j'y dis des choses qui peuvent vous intéresser. 



Cette méthode présente pas mal d'avantages : Je vois beaucoup mieux le résultat final qu'en dessinant directement sur le crayonné. Je peux déplacer des éléments, mais aussi recommencer une case ou une page si elle est raté sans devoir refaire le crayonné. Enfin, elle me permet de ne pas avoir besoin de gommer ce qui m'a sûrement évité quelques tendinites ! Et je peux conserver le crayonné, ce qui est assez chouette, avouons-le.
Par contre, le papier est fin, donc il est à manipuler avec précaution. A éviter quand on est peu soigneux !

Donc, j'ai ma page encrée, je n'ai plus qu'à la scanner. J'ai fini ! Fini ? Non, loin s'en faut. Il me reste une longue étape, celle de...

5 : La retouche sur ordinateur. 

Vous vous souvenez que le papier est transparent ? Pour avoir un blanc de qualité, je glisse une feuille vierge derrière la page que je scanne. Je numérise tout à la suite, puis j'enregistre l'ensemble avec un script, qui me permet de créer un calque de niveau et un groupe ou je mettrai les trames, automatiquement, sur toutes les pages. J'ai ensuite un deuxième script que je lance en rouvrant le document, qui me permet de copier/coller et recadrer toutes mes trames automatiquement, ce qui crée automatiquement cinq calques. La prise en main des scripts est intimidante, mais c'est magique pour gagner du temps et s'épargner des tâches répétitives. Et pendant ce temps-là vous pouvez vous préparer du thé !

des trames maison - Sweet Suicide - étape par étape BD


Enfin, j'ai mes trames prêtes à l'emploi, et j'ai ma page scannée. Mais voilà, avant de passer à la suite, il faut effacer les contours de la page qui risquent de créer des marges grises à l'impression, ainsi que les inévitables taches. Je réajuste si besoin le réglage de mon calque de niveau, et si j'ai des cases à remplacer, je le fais à ce moment-là. 

J'arrive donc à cette étape, avec un encrage "propre" : 

encrage - Sweet Suicide - étape par étape BD


Maintenant que l'image est utilisable, je peux commencer à placer les trames. Je travaille avec des masques qui permettent de modifier à l'infini les zones visibles ou invisibles d'un calque. Encore un outil magique.  (Ci-dessous, les calques avec leurs masques associés. Le blanc correspond à la partie visible, le noir aux zones invisibles.)

les calques - Sweet Suicide - étape par étape BD


Pour cette première étape, j'utilise un outil lasso pour déterminer grossièrement les zones de trames, afin d'avoir une vision globale du résultat final, et changer de calque si besoin pour rééquilibrer. Souvent, je fais cette première étape scène par scène, afin de rester dans le même esprit. 

Une fois ce pré-découpage terminé, je zoome et reprend les contours plus précisément, ajoute des zones oubliées, des effets de texture...

Et quand j'ai terminé les trames, je passe au texte, écrit à la main scanné à part. Je le copie et colle, puis place le tout dans les bulles. J'avais fait ce choix parce que je ne trouvais pas de police qui aille bien avec le style d'encrage et l'ambiance générale de l'histoire, mais je ne recommencerais pas aujourd'hui : c'est assez laborieux, pour un résultat mitigé, et le moindre oubli fait perdre un temps fou. Bref, Astate a testé pour vous, et Astate déconseille ! :D

Bref, tout cela me permet d'arriver à la version finale que voici :

la planche finale -  Sweet Suicide - étape par étape BD


Après tout ce parcours, je n'ai plus qu'à mettre les pages à la suite dans une document Indesign, l'exporter en PDF, et l'envoyer à l'imprimeur qui se débrouille pour faire les tirages à temps. 

Voilà, vous savez tout ! Des surprises ? Des questions ? Ça vous a plu ? N'hésitez pas à m'en parler en commentaire ;) 

5 commentaires:

  1. j'adore ce type d'étape par étape :D on ce rend vraiment mieux compte de tout ce que tu fais c'est top top

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    1. Contente que l'article t'aie plu ! J'avoue qu'en le faisant, j'ai un peu pris la mesure moi-même du temps que je passais sur une planche : C'est long ! XD

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  2. Hello, je trouve cet article très intéressant, j'ai toujours trouvé fascinant de voir un travail de création du début à la fin. ^^

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    1. Hello, merci pour ton commentaire ! :) ça fait plaisir de lire que mon article t'a intéressé ! Je tâcherai de faire d'autres work in progress à l'avenir ;) (peut-être même des vidéos, si j'arrive à installer un système convainquant)

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  3. Super cet article, j'adore voir tes work in progress ! :) C'est cool de voir quel matériel tu utilises !

    Où est-ce que tu trouves tes feutres ? J'utilise les uni ball mais je trouve qu'ils ne durent pas très longtemps (et surtout ils marchent très mal pour repasser des traits par dessus de l'aquarelle...)

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